Le 19 avril 2017, par Cyril Bourgeon
C’est le grand sujet du moment : l’entreprise digitale, l’entreprise 4.0 que certains annoncent pour 2020 ! Mais êtes-vous sûr que cette révolution n’est pas déjà en marche ?
Le digital est partout aujourd’hui. Nos téléphones sont devenus des extensions de nos cerveaux, nos platines CD (pour ne pas dire vinyle !) sont devenus « vintage », nos montres nous aident à améliorer notre sommeil et bientôt notre brosse à dents dialoguera avec notre dentiste ! Nous vivons déjà au milieu des objets connectés, que l’on appelle « The Internet of Things » (IoT).
Nos enfants (la génération Y, Z) sont en train d’arriver sur le marché du travail et en 2020, 50% de la main d’œuvre sera née avec le digital. Cette génération hyper connectée attendra de l’entreprise un accès illimité et immédiat à l’information mais aussi l’utilisation des mêmes outils qu’ils utilisent à la maison pour communiquer ou partager des données. On imagine les transformations qui adviendront pour le management et pour les ressources humaines. Il faudra réinventer les processus de management pour les intéresser, les motiver mais aussi les retenir dans nos entreprises.
C’est donc dès maintenant, et non pas en 2020, que l’entreprise doit prendre le virage de la digitalisation pour accompagner : les employés, les clients, la supply chain, l’innovation, la gouvernance et l’IT.
Et le Lean dans tout ça ?
La démarche Lean doit aussi s’adapter aux transformations des entreprises. Dans le processus d’innovation, par exemple, l’arrivée des imprimantes 3D, des hologrammes ou de la réalité virtuelle permettront d’améliorer les temps de mise sur le marché de produit (Time to Market) en réduisant les erreurs afin de sortir les produits « bons du premier coup ».
L’accélération des processus pourrait bien venir de l’utilisation des données générées par l’inter-connectivité des équipements et par la simplification des interfaces entre les exploitants et les services supports. Cette utilisation du Big Data permettra par exemple dans le cadre d’une démarche TPM, de suivre en dynamique le fonctionnement d’un équipement mais aussi d’utiliser toutes les données pour anticiper les pannes et ainsi, aller plus facilement vers la maintenance prédictive. Toutes ces informations qui aujourd’hui sont traitées via d’interminables fichiers Excel, seront demain plus présentables par l’intermédiaire d’outils d’analyse et de Big Data. Le reporting et le pilotage devraient y gagner largement.
L’autre volet est l’utilisation du Digital pour développer la culture d’amélioration continue. Lors d’une démarche de transformation d’entreprise, la mise en place de la supervision active est un des axes majeurs afin d’ancrer des rituels de management sur des boucles courtes. Les réunions quotidiennes sont un moment important pour partager les résultats, les objectifs du jour mais aussi (et surtout) pour développer la culture de résolution de problèmes. Cependant, dans le cas d’équipe multi sites (ce qui arrive fréquemment pour la gestion de projet ou les DSI), ces réunions deviennent compliquées à animer. Le recours aux outils digitaux, tels que les salles virtuelles, les e-Obeya, les outils de gestions de projet en ligne, etc., connectés en temps réel à vos bases de données permettent un suivi des encours, des temps de traitement, des retards et donc, une meilleure gestion de l’adéquation charge/capacité. Mais surtout, cela permet de rapprocher les personnes et ainsi développer l’intelligence collective de l’équipe.
Ce sont des exemples parmi d’autres, mais qui montrent que le Lean a déjà pris sa place dans cette mutation. L’arrivée sur le marché de nouveaux outils continuera à simplifier le quotidien des opérateurs et des services supports et continuera d’être une opportunité d’accélération des processus de compréhension et de résolution de problèmes.
Il ne faut cependant pas oublier qu’une transformation Lean repose avant tout, sur trois principes : le juste nécessaire, la remise en cause permanente et l’intelligence collective. Les outils du digital doivent donc rester au service de la démarche et se mettre au service des collaborateurs. En aucun cas, il ne s’agit de supprimer l’humain du système mais au contraire de lui faciliter la vie. Pour ceux qui pensent que l’avenir de l’entreprise est aux robots et au tout digital, essayez de demander à un manipulateur 5 axes de faire preuve de créativité et d’innovation !